Les tortues terrestres sont pour la plupart végétariennes (phytophages). Dans la nature, elles ont un régime herbivore, folivore et frugivore souvent très diversifié. Elles se nourrissent de tiges, de feuilles, de fleurs, de bourgeons, de fruits et de fragments d’écorces. En période d’activité, elles se nourrissent tous les jours et ingèrent plusieurs petits repas au cours de la journée. Leur appareil digestif comprend une cavité buccale munie d’une langue très charnue et d’un bec corné, un oesophage, un estomac, un intestin grêle, un caecum et un gros intestin qui débouche dans le cloaque, chambre cylindrique s’ouvrant postétieurement vers l’anus et recevant le bol fécal, le contenu de la vessie et les oviductes. Chez les tortues terrestres, le tube digestif est plus long et le caecum plus développé que chez les tortues aquatiques. Ces carastéristiques constituent une adaptation à la digestion de la cellulose des végétaux. La durée du transit intestinal est très variable (de 3 à 28 jrs !), selon la température extérieure, la fréquence des repas et la teneur en eau et en fibre de la ration. En captivité, il est fortement recommandé de nourrir une tortue avec des aliments qui se rapprochent le plus possible de son régime alimentaire naturel. Pour ce faire, il est indispensable de bien connaître la flore de son biotope (naturel du sol, des végétaux présents dans le pays d’origine). Mais, malgré cette précaution, il est illusoire d’espérer reproduire avec exactitude le régime d’une tortue exotique sauvage. Le but recherché en terrariophilie est alors de couvrir l’essentiel de ses besoins nutritionnels en lui apportant une alimentation la plus variée possible.
Malheureusement, il est impossible d’établir une “ration type”, adaptée aux besoins de toutes les tortues terrestres, car leur localisation géographique conditionne la nature de leur régime.> En effet, une tortue de biotope aride et désertique se nourrit davantage de foin, de plantes sèches et de cactées qu’une tortue de biotope tropical humide qui est habituée à ingérer des végétaux riches en eau et en glucides. Généralement, toutes les tortues sont instinctivement attirées par les aliments très colorés (jaune, rouge ou orange), tel que les fraises, les framboises, les cerises, les abricots, les pommes, les bananes, les oranges, les patates douces et les mangues. Pour schématiser, le régime des tortues terrestres doit comporter environ 90% de végétaux et 10% de fruits, et doit être globalement : – pauvre en matières grasses (<10% de l’apport énergétique en calories) – pauvre en protéines (15-35% de l’apport énergétique en calories) + riche en minéraux (avec deux fois plus de calcium que de phosphore) + riche en fibres (20-30% de cellulose brute par rapport à la matière sèche) + riche en vitamines, en oligo-éléments et en eau. le rapport phosphocalcique ou rapport Ca/P de l’alimentation est primordial. Il correspond à la proportion de calcium par rapport au phosphore. Plus ce rapport est élevé, plus la teneur en calcium de l’aliment est élevée par rapport au phosphore. Chez les tortues herbivores, ce rapport Ca/P de l’alimentation doit être compris entre 1,5 et 4, pour d’une part, assurer une bonne croissance squelettique et une bonne rigidité de la carapace, et d’autre part, maintenir constantes la calcémie et la phosphorémie sanguines. Ceci signifie que les aliments distribués doivent contenir environ 2 à 4 fois plus de calcium que de phosphore. Or, de très nombreux végétaux et fruits ont un rapport Ca/P inférieur à 1 (cf. tableau 1). C’est le cas, par exemple de la laitue, de la tomate, de la carotte, de la courgette, du concombre et de la pomme, aliment que l’on a coutume de donner en grande quantité aux tortues !
Il convient de leur distribuer plutôt des végétaux et des fruits dont le rapport phosphocalcique est supérieur à 1,5 (cf. tableau 2). Une alimentation trop riche en phosphore et carencée en calcium aboutit rapidement à une maladie osseuse très grave appelée ostéofibrose nutritionnelle, et à des troubles de la reproduction. Un apport suffisant de vitamine A (rétinol) dans la ration est également à prendre en considération, même si les tortues terrestres semblent moins sensibles que les tortues aquatiques à l’hypovitaminose A. Or, il s’avère que les aliments préconisés dans le tableau 2 sont des végétaux très riches en vitamine A. Ils présentent donc un double avantage : celui d’être riches en calcium et celui d’être riches en vitamine A ! Une carence en vitamine A se manifeste chez les tortues herbivores par l’apparition de problèmes cutanés, oculaires, gingivaux, hépatiques, rénaux et respiratoires. Plusieurs études tendent à prouver que l’hypovitaminose A pourrait être un des facteurs prédisposants du syndrome de rhinite infectieuse (“runny nose syndrome”), malheureusement bien connu des chéloniophiles.
Alimentation à fournir en captivité
A la lumière des différents besoins nutritionnels envisagés précédemment et après lecture des tableaux 1 et 2, il apparaît que les principaux aliments devant être distribués en quantité prépondérante dans la ration sont les suivants : Feuilles et fleurs de pissenlit, endive, romaine, cresson, luzerne, feuilles et fleurs de trèfle, chou (feuilles vertes plutôt que blanches), épinard, kiwi, mangue, papaye, figue fraîche, orange, céleri en branches, blette, feuilles de betterave, feuilles de brocoli (éviter les fleurs), feuilles de navet, feuilles et fleurs d’hibiscus, feuilles de mûrier, cactées et plantes grasses. Attention ! ces aliments naturellement riches en calcium, ne favorisent une croissance optimale des juvéniles et une bonne calcification de la carapace que si les tortues bénéficient régulièrement d’exposition à des rayons ultraviolets B (lumière naturelle en enclos extérieur ou tubes lumineux spécifiques à spectre UVB en terrarium). Ces ultraviolets leur permettent de synthétiser de la vitamine D3, indispensable à l’absorption intestinale du calcium. Quant aux végétaux, fruits et invertébrés énumérés ci-dessous (pauvres en calcium), ils ne sont pas à proscrire de l’alimentation, bien entendu, mais ils doivent seulement compléter une ration établie à partir d’un mélange des aliments de la liste précédente : tomate, salade verte, pomme, poire, carotte rapée, courge et courgette, concombre, melon, vers de terre, limace, vers de farine (larves de Ténébrion). De plus, les carottes, laitues et tomates sont riches en vitamine A.
Aujourd’hui, plusieurs aliments industriels pour tortues terrestres sont disponibles sur le marché. Ils se présentent sous la forme de croquettes et offrent le double avantage d’être économiques et équilibrés. Compte tenu du faible recul dont on dispose pour évaluer les effets (bénéfiques ou néfastes) de ce nouveau type l’alimentation pour tortues herbivores, il convient d’être prudent quant à leur utilisation systématique. Cependant, ces croquettes, distribuées sèches ou légèrement humidifiées, peuvent être, lorsqu’elles sont bien acceptées, incorporées au menu sans risque, à raison de 30 à 50% de la ration totale (demandez conseil à votre animalier).
Ce qu’il faut retenir
Il leur suffira de trouver à l’extérieur un site abrité des intempéries et d’une trop forte humidité, mais également protégé des prédateurs comme la souris ou le rat. Cet emplacement sur un sol meuble devra être chargé de débris végétaux (feuilles, foin, paille, etc…) suffisamment épais pour éviter les trop fortes variations de température entre le jour et la nuit. On pourra recouvrir l’emplacement d’une plaque de verre ou d’une planche de bois ou si possible de plaques de liège. Si durant l’hiver, des juvéniles sortent lors des journées fortement ensoleillées, il sera nécessaire tous les soirs de s’assurer qu’ils sont bien à nouveau enfouis.
Pour tous les autres
Le risque est trop grand de faire hiberner les jeunes tortues en extérieur. Il est donc nécessaire de provoquer une hibernation artificielle. La durée de celle-ci ne sera que de quarante-cinq à soixante jours. Pour cela, il suffit de se procurer au choix un carton, un cageot, une caisse ou une boîte à chaussures, de remplir complètement le contenant de débris végétaux, de préférence du foin, et d’y installer entre deux couches les juvéniles. Une semaine auparavant, il sera utile, si possible, de faire tomber la température du terrarium, de cesser de nourrir les animaux, de les baigner une dernière fois, 24h avant de les installer. La boîte ou la caisse devra être installée dans un endroit frais hors gel, où la température ne sera jamais supérieure à 10°.